Ça commence par là.
Le sentier qui s’enfonce dans les pins noirs d’Autriche.
Les pins ne sont pas noirs.
Ils ont verts, un vert lumineux, un peu argenté.
Leurs branches sont fines, horizontales, drues et fournies.
Elles laissent passer toute la lumière.
On voit clair ici.
Rien d’opaque.
Le monde est là, paisible, tonique, accueillant.
Immense.
L’horizon est lointain.
Comment ne pas s’y plaire ?
Nos pas sont silencieux sur le chemin.
A nos pieds la forêt devient matière et mouvement.
Morceaux d’écorces tombés, bouquets d’herbes sèches,
ça et là un saut de criquet sanglant, l’envol bleu d’un argus.
Tout bouge.
Quelquefois, furtive, une vipère interrompt notre progression.
On s’arrête.
On la regarde s’éloigner.
Il aura fallu en passer par là.
Accepter quelques menaces, quelques sortilèges.
Dans la forêt il faut être prêt à tout.
Les arbres et la lumière nous encouragent.
On y fait l’apprentissage d’un espace nouveau à chaque croisement de sentier.
On n’emprunte jamais très longtemps la même ligne droite.
Ce n’est pas la route ni le chemin de fer.
On suit les lignes laissées libres par les racines.
On écarte les branches.
Au-dessus de nous,
le ciel s’ouvre.
Jacqueline LBL, Blandas, Lire et écrire le Causse, août 2019
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