Ecrire pour ne rien dire – (re)trouver l’ivresse de la langue de bois – c’est jouer avec les structures sans intention préalable – ceci afin de dire (peut-être) des choses nouvelles.
Voici un tableau (auquel il faut rajouter encore 4 ou 5 lignes vierges) :
Cher camarade, ami, confrère | l’aboutissement de nos années d’effort et de travail | nous permet aujourd’hui d’être fiers | de notre entêtement à réussir notre mission |
Dès lors sachez que je ferai tout mon possible pour faire admettre que | l’acuité des problèmes | nous oblige à aller de l’avant dans la voie | de la restructuration de tous les besoins spécifiques |
Vous remplissez à votre tour, ligne après ligne, tout en respectant les structures: une seule grande phrase, distribuée en quatre groupes. On devrait même pouvoir sans peine lire le début d’une phrase avec la suite d’une autre et y prendre du plaisir. Il faut aller vite , c’est l’accumulation ou la bousculade de ce langage convenu qui crée
De même on peut faire un tableau avec les recommandations d’une mère à sa fille (ou vice-versa), d’un discours de réception, d’un prêche, d’une déclaration d’amour, d’une composition française parce que la langue de bois n’existe pas qu’en politique ! « Fatiguer » la langue de bois! D’autres s’y sont essayés : voir Queneau et cent mille milliards de poèmes ou le« Guide à l’usage des apparatchiks débutants pour un discours universel » » (paru dans la Gazette de Varsovie)