Abbaye de Cadouin

Les pierres du cloître ce matin ont bruissé des pas silencieux des moines qui se hâtaient de
rejoindre la salle capitulaire pour écouter les textes du jour, réfléchir et échanger.

A l’entrée, la colonne du lai de Virgile m’a dit les regards insistants sur la nacelle qui hisse le
poète vers sa maîtresse et les frissons de culpabilité qui traversaient les plus jeunes moines.
Certains sans doute n’étaient pas encore totalement habités par l’image démoniaque de la
Femme. Cette image qu’ils retrouvaient à plusieurs moments de leur déambulation : Marie-
Madeleine, la belle Philis, séductrice d’Aristote … condamnation de la philosophie païenne et
des plaisirs de la chair.

Mais j’avance et me laisse peu à peu habiter par l’atmosphère si particulière de ce lieu. J’en
oublie les moines et leur vie monastique.

Ce cloître me distille son calme envoûtant, bienfaisant. Une paix bien particulière m’envahit
peu à peu et m’enchante. L’équilibre des fenêtres sur le jardin, les sculptures des chapiteaux,
les entrelacs des colonnettes, la douceur des pierres usées m’emportent. Je suis absorbée
dans un halo de quiétude et d’infini bien-être. Je pourrais rester là des heures, détendue,
disponible pour des pensées vagabondes ou pour un temps de méditation revigorant.


Raymonde C, Pecany, Les chemins du papier (Juin 2024)

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